Le premier, coiffé d’un chapeau de paille, des lunettes de soleil roses sur le nez et vêtu d’un simple bermuda fleuri, sortit en affirmant qu’il faisait vraiment très beau et en chantant à tue-tête. Il fut quelques minutes plus tard arrêté par la police qui le jeta en prison, où il mourut le jour même de congestion. Il avait refusé de voir la réalité en face et croyait que nier la tempête suffisait à la vaincre...

Le second, de derrière sa fenêtre, jugea qu’il n’était guère raisonnable de s’aventurer dehors par un temps pareil et qu’il était préférable d’attendre le lendemain... voire le surlendemain. Mais la pluie tombait, tombait, tombait de plus en plus fort chaque jour et, au bout de quelques semaines, il mourut de faim. Il avait bien vu la tempête mais s’était replié sur lui-même dans l’espoir d’une hypothétique accalmie...

Le troisième, face à cette pluie battante, décida de se harnacher de pied en cap, vérifia la solidité de son parapluie et l’étanchéité de son imperméable. Puis il repassa en revue ses rendez-vous du jour et ouvrit la porte. Dehors, la tempête faisait rage. Il hésita un instant, se ressaisit et murmura entre ses dents : « jamais vu un temps pareil ! Inhumain ! Ce n’est sûrement pas aujourd’hui que les concurrents vont encombrer le secteur ». Et prenant son courage à deux mains, il se jeta dans la bourrasque, convaincu que l’écart ne se creuse vraiment entre les navigateurs que quand la mer est très mauvaise... Et, comme cela devait arriver, il triompha.