LES 10 CONSEILS PRATIQUES DE FRÉDÉRIC CHARTIER POUR REUSSIR SA PRISE DE PAROLE EN PUBLIC :

1/ LA PREPARATION ECRITE
Une bonne prise de parole en public sur un bon exposé, cela se prépare ! Et la préparation, c’est la première source de notre motivation. La préparation écrite augmente notre créativité, elle nous permet de réfléchir, elle nous oblige à être plus concis. Nous ne sommes pas avares de nos mots pour nous exprimer, mais tellement fainéants lorsqu’il s’agit de les écrire. Les mots ne coûtent rien, pas la concision. Bismarck disait qu'il lui fallait trois minutes pour préparer un discours de trois heures, et trois heures pour préparer un discours de trois minutes ! Vouloir prendre la parole sans nous y être préparés par écrit, sous prétexte que nous sommes experts dans le domaine, c’est nous jeter tout droit dans l’improvisation ratée. Rappelons-nous cette citation de Louis Pasteur : « Le hasard ne favorise que les esprits bien préparés ».

Enfin, la préparation écrite nous oblige à nous poser un certain nombre de questions :
- Que doit retenir notre public ?
- Pourquoi vouloir le lui dire ?
- Comment faire pour pousser notre auditoire à l’action ?

Il vaut mieux se poser des questions avant, plutôt qu’après !

Remarques :
- Nous ne devons jamais « réutiliser » exactement un même exposé,
- Les objectifs de chaque discours sont différents en fonction de notre auditoire,
- La qualité de notre présentation dépend de la préparation,
- Notre préparation nous aide à mieux gérer le temps.


Comment préparer son discours en 3 points ?

1/ Décider du fond : lorsque nous connaissons notre auditoire, ceux à qui nous allons nous adresser, et lorsque nous savons pourquoi nous voulons leur faire passer tel message important, nous devons nous poser 3 questions :
- Quoi ? Ce que notre public doit savoir
- Pourquoi ? Ce qui va pousser le public à écouter
- Comment ? Ce que le public doit entreprendre

2/Rédiger des notes : nous devons réaliser 2 à 3 fiches qui tiennent dans la main ou dans une poche, écrites en gros pour pouvoir les consulter discrètement sans perdre le contact avec notre auditoire. Sur l’une des fiches, nous noterons à l’aide des mots-clés la structure de notre exposé. N’écrivons que des mots et pas des phrases ! Nos notes doivent être claires pour nous servir de filet de sécurité pour nous rattraper si besoin est. Le fait même de les écrire nous engage davantage que de les avoir simplement en tête. Nous pouvons également établir d’autres fiches : citations, développement de l’un ou l’autre point important de la présentation, …

3/Répéter et répéter notre discours : combien de fois faut-il nous le répéter ? Répétons notre présentation dans un langage simple, avec des images, à voix haute sur le ton de la conversation entre amis et demandons à une tierce personne de nous faire connaitre sa réaction, ses impressions sur le fond et sur la forme de notre exposé. Nous devons nous entrainer debout pour travailler notre posture et notre gestuel, nous assurer que nous respectons le temps imparti étape par étape en minutant notre discours, utiliser des visuels réels (images) et verbaux (anecdotes, métaphores) pour marquer notre auditoire (83% des connaissances humaines sont acquises au moyen de la vue) et nous ménager des pauses pour ne plus être le seul repère visuel du notre public. L’enregistrement vidéo est un excellent outil pour contrôler notre sourire, notre contact visuel, notre enthousiasme, notre voix, nos gestes et notre timing.


2/ LES POSITIONS ET GESTES

Notre public nous voit avant de nous entendre. Au cours d’une conversation en face à face, chacun d’entre nous utilise trois moyens de communication principaux : le langage du corps, le ton de notre voix et les mots prononcés.

Albert Mehrabian, chercheur et professeur à l’Université de Californie (UCLA), a démontré la supériorité écrasante du langage non verbal (gestuel et voix) sur le seul langage verbal (les mots). En effet, selon ses deux études réalisées en 1967, les preuves statistiques attribuent 93% de l’impact de notre message au non verbal et seulement 7% au vocabulaire employé. Une bonne moitié des informations délivrées serait transmise par notre corps, le « body language ». Et notre intonation serait 5 fois plus explicite que nos 50 000 vocables français. L’adage : « Ce n’est pas ce que vous dites qui compte, c’est la manière dont vous l’exprimez » est conforté. Plus précisément, Mehrabian a mesuré pour nos trois modes de langage les pourcentages suivants :

55 % de notre communication passent par le regard, les gestes, les mimiques, ..., (Niveau inconscient)

38 % passent par le ton, le rythme et le débit de notre voix.
(Niveau semi-conscient)

7 % passent par les mots.
(Niveau conscient)

Ces pourcentages sont controversés par Judee Burgoon, David Buller et Gill Woodall. Leurs études démontrent la relativité de l’impact du langage non verbal et verbal en fonction du contexte de l’entretien. Le lieu d’échange, le type de message, les acteurs en présence constituent des critères qui peuvent dans certains cas inverser ces valeurs. Ainsi, lors d’une conférence de présentation d’un argumentaire sur power point, la répartition des sources d’impact se modifie. Le langage du corps passe de 55 % d’impact à 32 %, le ton de la voix de 38 % à 15 % et le message (les mots) passe de 7 % à 53 % d’impact. Maintenant, même si ces autres spécialistes qualifient les résultats de Mehrabian d’« exagérés et suspects », la majorité de leurs expériences donne le « body language » gagnant.

Quels sont les codes de notre « body language » ?
- Nous asseoir, en particulier derrière une table, apparait comme une attitude défensive et nous donne peu de dynamisme,
- Assis, nous sommes limités en mobilité ; notre liberté de mouvement favorise des gestes et des attitudes plus naturels,
- Nous tenir debout confère de l’autorité à ce que l’on dit,
- Placer nos mains sur nos hanches peut être perçu comme un signe d’agressivité,
- Inconsciemment, certains d’entre nous tentent de paraitre moins grands quand ils s’adressent à leur public. Redressons-nous entièrement pour donner de l’autorité à notre discours,
- Avoir nos deux mains dans les poches peut sembler désinvolte, une seule main dans la poche est plus naturel et le mieux étant de ne pas le faire en plaçant nos mains derrière le dos, tout au moins au début de notre allocution,
- Avoir les bras croisés peut être considéré comme un geste défensif,
- …


3/ LE SOURIRE

Notre public nous voit avant de nous entendre : notre sourire est primordial !
Comment avoir le sourire lors de notre prise de parole ? Tout d’abord, une préparation de qualité permet de nous réjouir lorsque nous allons devoir parler devant un groupe et le sourire en est l’expression. Notre préparation, c’est 90% de notre succès. Je vous invite à lire l’article sur le sourire :
http://www.frederic-chartier.com/ressources-en-ligne/index.php?2005/12/31/31-le-sourire-commercial-dans-la-vente

Enfin, dernière raison pour nous motiver : le sourire calme le trac !


4/ LE REGARD

La puissance du regard…Retenir les regards de notre auditoire, c’est retenir son attention.
En outre, notre regard accroit notre crédibilité. Nous nous méfions tous des gens aux regards fuyants. En regardant droit dans les yeux notre public, nous témoignons notre sincérité Nous devons donner l’impression à chacun des auditeurs que nous sommes en communication personnelle avec chacun d’entre eux. Attention à ne pas regarder plus fréquemment la hiérarchie ou le plus gros client, nous devons regarder tout le monde. Pour aller plus loin sur l’importance du regard, je vous invite à lire : « Les yeux… Le regard du vendeur pour réussir ses ventes ! »
http://www.frederic-chartier.com/ressources-en-ligne/index.php?2005/10/22/1-les-yeux-le-regard-du-vendeur-pour-reussir-ses-ventes


5/ LE SILENCE INITIAL

Nous avons tous déjà vu des orateurs prendre la parole alors que certains membres de l’auditoire recherchent une prise de courant pour brancher leur ordinateur portable ou recharger la batterie de leur téléphone, poursuivent leur conversation que cela soit avec leur voisin ou par téléphone, arrivent en retard et sont à la recherche d’une place si possible au premier rang, cherchent quelque chose dans leur porte-documents, lisent le programme ou le journal, … C’est un désastre !

Un bon pianiste marque toujours une pause avant de placer ses mains sur le clavier du piano et attend le silence complet pour finalement s’élancer face à son auditoire enfin à l’écoute. Il en est de même du chef d’orchestre qui s’immobilise de longues secondes, sa baguette pointée vers le ciel avant de lancer son orchestre comme un chef d’armée de cavalerie lance la charge.

Comment faire ? Quelques secondes de silence total (au moins 3 secondes sans un bruit et en contact visuel circulaire avec chacun des auditeurs) avec un sourire qui attire l’attention et un regard soutenu pour retenir cette attention. Nous devons faire taire notre auditoire et faire en sorte que chacun nous regarde avant d’ouvrir la bouche. Durant ce silence initial, nous sommes debout, droit, bien en appui sur nos pieds, les jambes légèrement écartés, les mains placées derrière le dos et par notre sourire et notre regard, nous allons instaurer et maintenir le silence pour contrôler notre auditoire. Si l’un d’entre eux rompt ce silence de 3 secondes, nous le fixons par le regard pour capter son attention et nous sourions à ses voisins immédiats pour s’en faire des alliés et faire taire le récalcitrant pour une écoute totale. Tant que nous n’aurons pas eu 3 vraies secondes de silence, nous ne démarrerons pas notre exposé. Voir à ce propos, les nombreux textes sur le Silence :

- « La force du silence »
http://www.frederic-chartier.com/ressources-en-ligne/index.php?2005/10/23/11-la-force-du-silence

- « Le poids du silence dans la négociation commerciale »
http://www.frederic-chartier.com/ressources-en-ligne/index.php?2005/10/23/8-le-poids-du-silence-dans-la-negociation-commerciale


6/ LES 3 QUESTIONS OUVERTES D’INTRODUCTION

Nous devons intéresser notre auditoire dés l’introduction. Commencer par un « je vais vous parler de … » ou un « je vais vous raconter pourquoi il faut …. » risque de provoquer chez certains un désintérêt et pour d’autres un début d’hostilité : « je n’ai pas envie que l’on me dise ce que je dois faire ou écouter ». Quand au « je vais être bref… » qui voudrait rassurer le public sur la longueur du discours, il a l’effet contraire ! La peur de l’orateur d’être trop long est vite contagieuse.
La meilleure méthode pour démarrer sa présentation consiste à poser trois questions ouvertes. Une question ouverte incite notre public à vouloir y répondre, le pousse à y réfléchir et finalement à écouter et participer au sujet traité.

- Quoi ? Ce que notre public doit savoir
- Pourquoi ? Ce qui va pousser le public à écouter
- Comment ? Ce que le public doit entreprendre


7/ LE « VOUS + JE » = « NOUS »

- Si nous utilisons que le « VOUS » dans notre exposé, nous sommes bien centrés sur notre auditoire mais nous pouvons paraitre pour trop directif, voir agressif. Quel est notre sentiment si notre supérieur hiérarchique nous dit : « vous devez atteindre cet objectif » ?

- Si nous utilisons que le « JE », nous apparaissons pour un égocentrique complètement indifférent à notre public. Rappelons-nous qu’il n’y a qu’une seule histoire qui intéresse notre auditoire : la sienne !

- En utilisant le « NOUS », nous créons un sentiment d’unité : « VOUS + JE », d’association et finalement d’encouragement. Plutôt que : « VOUS comprenez donc que… » ou « JE comprend donc que… », le « NOUS comprenons donc que… » implique que la compréhension n’est ni la mienne seule (égoïste), ni uniquement la votre (directif), mais déjà nôtre (participatif).


8/ REPETER SEPT FOIS LE MESSAGE

Si à la fin de notre discours ou exposé, nous interrogions au hasard quelques membres de notre auditoire en leurs posant la question : « Quels étaient les messages-clés de cet exposé ? », sommes-nous certains que tous nous répondraient correctement ?

Pour une bonne compréhension de notre message, nous devons impérativement répéter les mots-clés plusieurs fois. Dire seulement une fois le message-clé ne peut suffire, nous devons le répéter et le répéter pour confirmer notre message-clé et encore le renforcer en le répétant et le répétant. En d’autres termes, nous devons dire et redire ce que nous avons à dire !
Comment insister à plusieurs reprises sur les idées-clés lors de notre exposé ?
- en présentant le message-clé dans l’une des trois questions ouvertes d’introduction,
- en l’évoquant une nouvelle fois dans une question intermédiaire,
- en développant chacun des mots-clés du message central,
- en présentant les idées-clés sous différents angles,
- en citant le message-clé dans la conclusion,
- …
Enfin pour nous conforter dans cette nécessité de répétition, André Gide à qui on a dit : « Tout a déjà été dit » , répondit : « Certes, mais comme personne n’écoute, il faut tout répéter trois ou quatre fois ! ».


9/ MINUTER SON EXPOSE

Nombreux orateurs ne respectent pas le temps de parole qui leur a été imparti, pire sont ceux dont on ne connait pas l’heure de fin de leurs exposés. Le public a peut-être d’autres engagements. Lorsque nous entendons : « je ne vous retiendrai plus que quelques instants » , nous comprenons : « Ce que j’ai à vous dire est plus important que tout ce que nous pourrions avoir prévu d’autre » et nous ne sommes plus du tout à l’écoute. Respecter le temps imparti, c’est respecter notre auditoire.

Comment pouvons-nous respecter ce temps qui nous est imparti ?
Tout d’abord dans notre préparation. Ce temps de préparation indispensable est inversement proportionnel à la durée et à la simplicité de notre exposé. Nous devons sous-budgétiser les temps :
- du silence initial,
- des 3 questions ouvertes d’introduction,
- de chacune des 3 parties,
- de la conclusion
Ensuite, nous devons nous entrainer à respecter le timing de notre présentation en nous chronométrant. Ce n’est qu’au bout de trois temps identiques que nous sommes assurés de maitriser le timing de notre exposé.
Si nous disposons d’un temps de parole de vingt minutes, nous pouvons nous préparer à ne parler que seize minutes. Cela nous donne une marge de sécurité et nous laisse le temps pour les questions.


10/ INCITER A L’ACTION

Combien de conclusion se termine par la question fermée : « Avez-vous des questions ? ». A l’école, c’était au moment de la sonnerie et un simple « non ! » nous autorisait à nous lever pour rejoindre la cour de récréation. Nous pouvions aussi répondre « oui » à la question : « Avez-vous compris ? » pour être sûr de ne pas avoir une explication supplémentaire. Une bonne conclusion doit déboucher sur une incitation concrète à l’action de chacun des membres de notre auditoire. Il vaut toujours mieux finir par une question ouverte qui invite notre public au débat : « Quelles sont vos questions ? » ou « Qu’avez-vous compris ? ». Le mieux étant d’amener nos auditeurs au mouvement après la réflexion. Cette étape de la conclusion doit être détaillée en termes concrets ; sinon, notre auditoire a le sentiment de comprendre le message sans être incité à agir.

A la fin de notre présentation, chaque auditeur doit avoir des réponses aux deux questions suivantes :
- « Que dois-je faire maintenant ? »
- « Quel est mon objectif personnel ? »

De manière identique, pour conclure cet article :
- Que retenons-nous ?
- Quels sont les conseils pratiques que nous allons suivre ? Quand ?