Gratuite, l’inscription sur PACITEL reste valable trois ans. Chaque inscrit peut indiquer jusqu’à six numéros de téléphone (fixes ou mobiles) personnels sur lesquels ils ne souhaitent plus être démarchés et n'est pas obligé de donner son nom. Une fois qu’un numéro de téléphone est inscrit sur la liste Pacitel, il est retiré des fichiers de prospection des entreprises adhérentes. Mais le retrait n'est pas immédiat. Un délai d'un à trois mois est à prévoir.



Il serait plus de 260 000 à s'y être inscrits. Pourtant le service ne sera effectif qu'à partir du 1er décembre 2011. Le système PACITEL était donc bien attendu par les Français qui n'en peuvent plus d'être démarchés par téléphone à longueur de journée. En avril 2012, 747 000 personnes étaient enregistrées sur le site PACITEL, soit 1,3 millions de numéros de téléphone. C’est d’ailleurs la promesse faite par PACITEL sur sa page d’inscription « Grâce à la liste Pacitel, vous pouvez choisir de ne pas être démarché par les entreprises françaises auxquelles vous n'avez pas donné votre consentement ». Toutefois, nombreux sont ceux qui doutent de son efficacité.



Toujours sur le site de Pacitel.fr dans la FAQ (Foire Aux Questions), la première question est : « Qu’est ce que le dispositif PACITEL ? » La réponse : « Le dispositif Pacitel répond aux attentes des consommateurs s'opposant à la prospection téléphonique commerciale. L'objectif de ce dispositif est d'assurer aux consommateurs de limiter au maximum la prospection téléphonique non-désirée. »

Quelle est cette prospection téléphonique commerciale non désirée à laquelle les consommateurs s’opposent ?


Frédéric Chartier, expert en formation dans le télémarketing, répond : « Ce qui est insupportable, ce sont ces mauvaises techniques et pratiques de la téléprospection et de la télévente irrespectueuses du consommateur ! Démarrer un entretien téléphonique par une question fermée du style : vous êtes bien Monsieur KIVENÉ de DÉCROCHERLETÉLÉPHONE sans parfois même se présenter est un manque d’éducation, voir un manque ou une mauvaise formation en télémarketing ! Imaginez un commercial en porte à porte qui démarrerait ainsi son entretien de prospection commerciale, après avoir appuyé sur votre sonnette où est inscrit votre NOM : vous êtes bien le MONSIEUR SURLASONNETTE ? N’auriez-vous pas envie de lui répondre : et vous, vous êtes QUI ? Pour m’importuner chez moi et oser me demander si j’habite bien ICI ! Ce triste exemple de mauvaise prospection téléphonique ou en face à face, et je peux vous en citer bien d’autres, me donne la certitude que le meilleur dispositif pour limiter au maximum la prospection téléphonique non-désirée est une BONNE FORMATION des acteurs du télémarketing ! »
Frédéric Chartier est également l’auteur d’un livre sur la téléprospection : « Comment réussir par téléphone nos prises de rendez-vous ? »

Un article du Nouvel Observateur décrit le service PACITEL.FR comme « de la poudre aux yeux pour consommateur berné ». La critique du journaliste repose sur un paragraphe de présentation du service dans lequel la définition de client reste floue :
"Par leur inscription sur la liste Pacitel, les consommateurs auront désormais la garantie de ne pas être contactés téléphoniquement à des fins de prospection commerciale par des entreprises dont ils ne sont pas clients. Par leur inscription sur la liste Pacitel, les entreprises s’engagent à suivre des recommandations déontologiques, telles que le respect de certaines heures convenables pour passer les appels (du lundi au vendredi de 8h à 20h30 et le samedi de 9h à 19h), la courtoisie et clarté de présentation, la garantie d’un environnement socialement responsable."
Une société pourra ainsi démarcher ses clients. Quid alors des filiales ?

Cette interrogation est reprise par la Tribune sous forme de « léger bémol ». Le quotidien rappelle que « le dispositif ne protège pas le consommateur des appels téléphoniques des entreprises dont il est le client, ces appels étant considérés comme de la relation client et non pas de la prospection. »

Autre ombre au tableau souligné par le Nouvel Obs, la mise en place de plage horaire convenable durant lesquelles, ces entreprises pourraient appeler leurs clients. On peut alors s'interroger sur la définition de « convenable » puisque cette plage horaire s'étend jusqu'à 20h30 en semaine. Ils raccourcissent au mieux votre calvaire téléphonique d’une grosse demi-heure en semaine, sans vous éviter d’être dérangé en plein rush familial entre 19h et 20h30.

Cinq organismes ont adhéré à ce dispositif : l'Association française de la relation client (Afrc), la Fédération du E-commerce et de la vente à distance (Fevad), la Fédération Française des Télécommunications (FFT), la Fédération de la Vente Directe (FVD) et le Syndicat National de la Communication Directe (SNCD). Les entreprises qui les composent représentent 80% des entreprises ayant recours au démarchage téléphonique. Elles s'engagent dès lors à rayer de leurs listing les numéros de téléphones indiqués sur la liste. L'UFC-Que Choisir s'interroge alors sur l'efficacité d'un tel système, puisque « rien n'empêchera les milliers d'autres sociétés (sic) ou le commercial du coin de récupérer votre numéro de téléphone... ».

Quand on sait que la grande majorité des campagnes de télévente sont désormais réalisées par des prestataires offshores. On ne peut qu'abonder dans ce sens. Sur Twitter, Xavier Moisant, entrepreneur, interpelle : « Pour une démarche téléphonique responsable » Cela veut dire que les emplois seront localisés en France ? ».

« Réfléchissez un peu avant de vous inscrire » twitte Kayla1410. Le lien mène à un blog qui rappelle que PACITEL pour les entreprises est une offre commerciale. Et oui, il faut payer pour obtenir la liste pacitel et de profiter d'un fichier mis à jour. Qui peut alors assurer que le fichier ne sera pas revendu ? Qui peut assurer qu'une entreprise paiera pour éviter d'appeler un « client » ?

Le sénateur Jacques Mézard (groupe RDSE) avait porté ce projet, adopté alors à l'unanimité au Sénat le 28 avril dernier. Mais à l'époque le sénateur avait souhaité que les Français ne fassent aucune démarche. Pour lui, c'était d'abord « aux opérateurs de recueillir l'accord des abonnés »... Le lobby de la télévente aurait-il, entre temps, décroché son téléphone pour démarcher l'Elysée ?


PACITEL, la liste anti-démarchage téléphonique, ATTAQUÉE en JUSTICE !!! (avril 2012)
Entrée en service le 1er décembre 2011, Pacitel est aujourd’hui attaqué en justice pour publicité mensongère. Cette initiative mise en place par cinq fédérations (télécoms, relation client, vente à distance, vente directe, et communication directe) permet aux français de s’enregistrer gratuitement pour ne plus recevoir de sollicitations téléphoniques concernant la vente de produits ou de services (prospection commerciale).
L’association « Pacitel embrouille », créée et présidée par Manuel Jacquinet, a saisi le 4 avril dernier le tribunal correctionnel de Paris. Le président de cette association, un spécialiste des centres d’appel et producteur de cinéma avec le film « Opération 118318″, estime dans sa plainte que :
Les sociétés « de centres d’appels (…) sont regroupés dans un syndicat professionnel, le Syndicat des Professionnels des Centres de Contacts, dénommé le « SP2C ». Ce dernier n’est pas signataire de la charte « Pacitel » et ne l’était pas lors de l’annonce officielle du lancement de la liste « Pacitel ». En conséquence, les principales entreprises de « télémarketing ne sont pas engagées à ce jour, or elles représentent à elles seules plus de 45 000 postes de travail en France, soit environ 60 000 emplois ».
« En conséquence, annoncer que 80 % des entreprises sont signataires de la charte « Pacitel » est un déni de la réalité de ce marché en France et de la façon dont il est organisé et structuré ».
L’association demande un euro symbolique de réparation par adhérent au jour des plaidoiries ainsi que 5000 euros de dommages.
Dans sa saisine, elle s’appuie également sur les témoignages de consommateurs qui continuent d’être sollicités alors même qu’ils se sont enregistrés sur Pacitel. « Contrairement aux Etats-Unis et de nombreux autres pays, les entreprises qui ne respectent pas ce dispositif ne craignent absolument rien en France, regrette Manuel Jacquinet. On se moque des gens et cela risque de retomber sur les salariés des call center lorsqu’ils appellent un consommateur qui ne souhaite pas être contacté et s’est inscrit sur cette liste ».
Pacitel n’a pas souhaité faire de commentaires sur la plainte en cours. L’organisme reconnaît qu’il existe encore des entreprises qui ne se sont pas engagées. Par ailleurs, il souligne que les consommateurs doivent attendre un à trois mois après leur inscription sur Internet pour ne plus être démarchés. Au mois d’avril 2012, 747 000 personnes étaient enregistrées sur le site, soit 1,3 millions de numéros de téléphone.